Mon travail de céramiste commence toujours par une collecte d’objets ou de matières glanés un peu partout. Je détourne ensuite ces objets de leur fonction première et les utilise pour construire des moules éphémères à destination unique dans lesquels je coule de la porcelaine. Mes pièces portent ainsi des traces ou des empreintes de l’objet qui a permis leur réalisation. C’est ce qui leur donne une histoire, un passé, des racines. Elles deviennent des sortes d'instantanés d’un autre temps.
Parmi les traces que je laisse sur mes pièces, j’aime beaucoup travailler les plis. Sur le blanc de la porcelaine, les plis jouent avec les contrastes, rythment les creux, les surfaces, les ombres. J’entrevois à travers les plis l’essence même de toutes les formes existantes. Comme le blanc qui, par définition, n’est pas une couleur, mais la teinte obtenue en mélangeant la lumière de toutes les couleurs, le pli rassemble en lui-même toutes les déclinaisons possibles d’une forme : les creux, les pleins, les courbes, les interstices, les jonctions ; les notions d’endroit, d’envers, de dedans, de dehors, d’intérieur, d’extérieur…
Dans mes pièces, je cherche à ne jamais dissocier la surface et la forme. Comme dans la nature, l'une et l'autre sont liées, s'influencent et se nourrissent mutuellement.