Le paysage végétal m’attire pour ses formes, ses textures et ses odeurs. Je le ressens, l’admire et l’étudie au travers de mes collectes et de mes créations qui sont un aller-retour constant entre le terrain et l’atelier.

Ma fascination en a fait ma pratique artistique en inventant ce nouveau terme : paysagisme textile. Tel une architecte-paysagiste agençant des végétaux pour une certaine harmonie spatiale et sensorielle tout en transformant nos paysages, je crée des compositions végétales-textiles destinées à être contemplées et admirées. Je ne cherche pas par-là à copier la nature mais à l’exprimer et à révéler des éléments du paysage végétal qui nous entourent quotidiennement. Mon but est de ramener ces éléments sous nos yeux afin de consacrer un nouveau regard envers ce paysage végétal si riche. Car par son omniprésence nous arrivons parfois à l’occulter. Et pourtant il est là chaque jour, il nous nourrit, nous habille, nous inspire, nous évade. Malheureusement, celui-ci tend à disparaître avec le temps pour de nombreuses questions écologiques et économiques. Je tente alors, du mieux que je le peux, de le préserver en créant et en imaginant une végétation de demain, semi-artificielle, qui se veut lente, précieuse et en harmonie avec la nature.

Pour ce faire, j’utilise trois savoir-faire : la broderie à l’aiguille, la broderie machine et la dentelle aux fuseaux. Ce sont toutes trois des techniques de patience et de minutie, me permettant d’analyser et d’étudier méticuleusement des sensations vécues et des végétaux rencontrés, observés et collectés. Elles sont une manière de prendre soin du vivant et de revenir à un essentiel dont nous avons tous besoin.

Ainsi, je tente de créer une continuité entre l’extérieur, l’atelier, l’espace d’art et des espaces d’intérieurs pour contrer cette crise écologique qui perdure en proposant une végétation pérenne. Celle-ci se veut sensible et précieuse pour révéler une intelligence végétale tout aussi sensible et fragile que nous en tant qu’êtres-vivants.