Au commencement était un bout de tibia de bœuf à l’étal d’une boucherie. À mouler en glaise, à cuire puis à émailler comme on nappe d’une sauce un rôti, à présenter un dimanche d’automne sur un beau plat en argent. Un bibelot rose et bleu comme veine et artère, à poser sur le marbre d’une cheminée pour marquer le jour. Une lampe au chevet d’une sculpture à venir, d’un songe qui peu à peu va prendre corps.
Et l’objet se fait chair, la vanité prend les couleurs de la rouille et le temps fait son œuvre. Une pensée s’élabore à partir de quelques tissus, encore à solidifier, de cartilages à peaufiner, de calcium à forger, d’os à emboîter. Les ossements se vêtent de résilles, des hanches s’harnachent de bas, s’arment d’un hachoir à la lame dangereusement effilée.
Coryse Kiriluk n’en a pas fini avec toute cette viande, Eros et Thanatos ont engagé une danse délicieusement macabre. Il lui reste quelques squelettes à rhabiller, un ossuaire à rénover, un monument de sentiments sans cesse à élever.