Justine VAN IMPE

Créer de nouveaux gestes à partir de savoir-faire textiles anciens est un principe omniprésent dans ma démarche artistique, dans le but de faire la place à des résultats conceptuels et expérimentaux. Le mélange entre gestes ancestraux et innovation technique représente un terrain fertile de création qui m’a amenée à interroger la sculpture textile dite souple par le biais de la tapisserie tissée à la main et de la taille de pompons que je crée.

À partir d’une forme simple qu’est une boule de fils tenus par un seul fil, le pompon est apparu tel un arbuste de buis dans la nature. Tailler, couper, coiffer, peigner, brosser, autant de verbes qui ont fait évoluer ma pratique au fur et à mesure de mes explorations. Ce nouveau lexique emprunté à un tout autre métier m’a permis de comprendre comment une masse, une densité de fils peut devenir formes et volumes pour habiter d’autres espaces. S’est ajouté à cela la question du soin, comme celui avec lequel on entretient ses propres cheveux, j’aborde le fil un peu comme tel. Le fil ne devient pas surface par entrelac mais par accumulation de la matière filée même et tissée, menant à de nouveaux volumes.

Je joue avec l’oeil du spectateur en présentant des formes tantôt abstraites tantôt suggestives. En outre l’art topiaire, la sculpture sur végétaux vivants, a une grande influence dans mon travail et a fait naître une série de familles que j’ai nommées « Topiaires ».

Chacune de mes sculptures se décoiffe si elle n’est pas manipulée avec précaution auquel cas elle nécessiterait une nouvelle coupe. Ce rapport entre fragilité de la forme et solidité de la masse de fils m’interpelle beaucoup. Mes sculptures ne cassent pas mais se décoiffent ! En plus du volume et de la forme, la matière a une place primordiale dans mon travail et est au coeur de tout. La laine sèche, rêche et gonflante est nécessaire à l’élaboration d’une masse textile destinée à être taillée. Mes mains et ma paire de ciseaux taillent et sculptent directement dans la masse comme un sculpteur travaille la pierre ou le bois. De la coupe tombe une poussière et la forme apparaît petit à petit. Mes sculptures trompent l’oeil par la matière ; elles ressemblent parfois à de la pierre, parfois à du sable laissant s’échapper l’idée du fil et du textile même.


4 images
Inside the wool, 2024. Tapisserie tissée au point noué (point tapis - sculpture, taille, coupe, brossage), laine rustique de moutons français issue d'une filière éthique d'origine tracée, chaîne en coton. Photo : O. Caubo
Inside the wool (détail), 2024. Tapisserie tissée au point noué (point tapis - sculpture, taille, coupe, brossage), laine rustique de moutons français issue d'une filière éthique d'origine tracée, chaîne en coton. Photo : O. Caubo
Le poids de la laine, 2024. Tapisserie tissée au point noué (point
tapis – sculpture, taille, coupe, brossage), laine rustique de moutons français issue
d’une filière éthique d’origine tracée, chaîne en coton. Photo : O. Caubo
Le poids de la laine (détail), 2024. Tapisserie tissée au point noué (point
tapis – sculpture, taille, coupe, brossage), laine rustique de moutons français issue
d’une filière éthique d’origine tracée, chaîne en coton. Photo : O. Caubo
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