Au commencement des projets sur lesquels je travaille, il y a une recherche expérimentale autour d’un matériau et d’une technique. Entre la terre, l’émail et la cuisson se trouve tout un spectre de possibilités. En employant des matières alternatives je souhaite mettre en exergue leurs propriétés intrinsèques.
L’objectif étant de se soustraire de l’oeuvre, a􀄕 n que seule parle la matière et sa transformation. En particulier, j’explore depuis 3 ans une technique pour recycler les déchets d’ateliers de céramique, un processus qui a notamment déjà été présenté au CACLB et à BeCraft. Terres, émaux, matières organiques sédimentent dans les bacs de deviennent ma matière première : un sable recomposé, fort de la diversité des minéraux qui le composent et de l'histoire de ceux qui les utilisèrent. Ce sable, mouillé, mis en forme goutte après goutte jour après jour, s’accumule en une structure grandissante, qui se solidifiera à la cuisson. Inspirée aussi bien des châteaux de sable de mon enfance, que de l'impression 3D, ce processus joue avec l’ambivalence entre le primitif du premier et la rigueur du second. Il en résulte un imaginaire de monde enfoui : des grottes, d'architectures naturelles qui se situeraient à mi-chemin entre le règne minéral et humain. Invitant le spectateur à partager un ailleurs imaginaire, mouvant entre ce qu'il fût et ce qu'il sera ; à témoigner avec lui, des phénomènes de sédimentations, d’érosions, de concrétions anthropocènes. Donnant au temps le statut d'outils.